L'OEUVRE PHILOSOPHIQUE.
L'œuvre positive de LAMARCK, ainsi que nous l'avons vu, est déjà toute imprégnée
des principes philosophiques qu'il devait énoncer ailleurs : pour lui, la
philosophie est le but unique et suprême de la science :
« Toute science, dit-il, doit avoir sa philosophie... ce n'est que par cette
voie qu'elle fait des progrès réels » (1)
Et cette pensée, il s'efforça de la réaliser sans cesse ; sans doute, il ne
dédaigna pas pour cela les classifications : la part qu'il a prise au
dénombrement des êtres vivants et l'estime qu'il eut pour de modestes
systématistes ne laissent aucun doute à cet égard : mais il ne voyait là qu'une
besogne d'utilité, un « art » pour employer son expression, qui n'a pas son but
en lui-même, mais ne peut être qu'une base pour des considérations plus hautes.
Ne présente-t-il pas, en effet, son Histoire naturelle des Animaux sans
Vertèbres, comme les « pièces justificatives » de sa Philosophie zoologique.
« En vain les naturalistes consumeront-ils leur temps à décrire de nouvelles
espèces, à saisir toutes les nuances et les petites particularités de leurs
variations pour agrandir la liste commencée des espèces inscrites, en un mot à
instituer diversement des genres, en changeant sans cesse l'emploi des
considérations pour les caractériser... si l'on s'obstine à ne voir dans les
objets observés que leur forme, leur dimension, leurs parties externes même les
plus petites, leur couleur.., si
(1) Phil. Zool. p. 69.
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